Napoleonica, the journal
sponsored by the Fondation Napoléon in Paris, just published an article of mine
on the most shocking episode in the Haitian Revolution: the use of man-hunting dogs
by the French army. The introduction follows. For the full text, go to http://www.cairn.info/revue-napoleonica-la-revue-2012-3.htm
(free access; French and English versions).
“The first of March, 1803
seemed a delightful time to be in Cap-Français, the capital and commercial
center of Saint-Domingue (present-day Cap-Haïtien and Haiti, respectively). The
stifling rainy season had not yet descended and the air was still balmy and
healthy. But Saint-Domingue was in the grips of war: one year earlier, a 20,000-strong
expedition sent by First Consul of France Napoléon Bonaparte had come to oust Governor
Toussaint Louverture from office and restore direct French rule. French troops
had managed to capture and exile Louverture, but plantation laborers, convinced
that Bonaparte intended to restore slavery, had launched a massive revolt that
had yet to be subdued. As of March 1803, the French expeditionary army, led by
Donatien de Rochambeau after the death of its first commander Victoire Leclerc,
only controlled the main ports and adjacent coastal plains in the northern and
western provinces of Saint-Domingue. A general uprising had recently racked the
southern province; only eastern Saint-Domingue (the present-day Dominican
Republic) remained quiescent.
March 1803 was also the time when the Napoléon cast anchor in Cap-Français.
Arriving from Cuba, she brought 40,000 gourdes
in cash, 25 horses, and 100 dogs destined to become the main actors in one of
the most notorious episodes of the Haitian War of Independence.[1] The
Cuban dogs were similar to the Santo Domingo breed, which a contemporary
witness judged to be “at least equal to the largest Scottish or Russian greyhound... with
the head shaped like the wirehaired terrier.... The look and motions of this
animal at once told consciousness of superiority.”[2]
An enthusiastic crowd lined the streets to celebrate
the dogs’ arrival.[3] People
threw flowers on their path and decorated them with cockades and ribbons. Rochambeau
decided that the dogs’ aggressiveness should be put to the test. The dogs were
put on starvation rations while a wooden arena was hastily built (probably in
the garden of Les Religieuses, a former convent and Catholic school).[4]
On an appointed day, a rambunctious crowd gathered to
witness what promised to be a unique and ghastly spectacle. The scene is known
to us through the French sailor Jean-Baptiste Lemonnier-Delafosse, the French
general Pamphile Lacroix, and the mixed-race officer Juste Chanlatte, all of
whom apparently witnessed it in person, and the nineteenth-century historians
Thomas Madiou and Beaubrun Ardouin, who collected oral histories from Haitian
veterans. A black prisoner was dragged into the arena and tied to a pole (according
to Lacroix, Madiou and Ardouin, he was the servant of Rochambeau’s chief of
staff Pierre Boyer). Teams of dogs next made their entry. Though maddened by
hunger and the public’s clamor, they could not understand what was expected of
them and stood motionless around their foe. It took some prodding by their
drivers—and, according to Ardouin and Madiou, Boyer cutting open the victim’s
stomach—before the dogs warmed up to the scent of blood. Then, suddenly, in a
whirl of red dust, they devoured their hapless prey to the roar of the crowd
and the blare of military music. The execution had lasted but a few minutes.
Their appetite for vengeance satiated, the spectators then retired to their
domicile, while the dogs, having proven their ferociousness, were prepped for
their first mission: a counterinsurgency operation in the nearby island of La
Tortue (Tortuga).”
L’utilisation de chiens de combat pendant la
révolution haïtienne
Napoleonica, la revue de la Fondation Napoléon à
Paris, vient de publier mon article sur le plus troublant des crimes commis
pendant la révolution haïtienne: l’utilisation de chiens mangeurs d’hommes. L’introduction
est reproduite ci-après. Pour le texte complet, allez sur http://www.cairn.info/revue-napoleonica-la-revue-2012-3.htm
(accès gratuit; texte en français et en anglais).
« Mars 1803 aurait pu être une période agréable à
Cap-Français (Cap-Haïtien), le centre commercial et politique de Saint-Domingue
(Haïti). La saison des pluies n’avait pas encore débuté et l’air était encore frais
et sain. Mais Saint-Domingue était en guerre. Un an plus tôt, le premier consul
Napoléon Bonaparte avait envoyé une expédition de 20.000 hommes pour renverser
le gouverneur Toussaint Louverture. Louverture avait été capturé et exilé, mais
les cultivateurs des plantations, convaincus que Bonaparte voulait rétablir
l’esclavage, s’étaient révoltés. Dans les provinces Ouest et Nord, l’armée
expéditionnaire, sous les ordres de Donatien de Rochambeau, ne contrôlait plus en
mars 1803 que les principaux ports et les plaines côtières. Une révolte venait
d’éclater dans la province Sud, jusque-là plutôt calme. Seule la province Est
(République Dominicaine) restait tranquille.
C’est dans ce contexte incertain que le Napoléon jeta l’ancre
au Cap-Français vers le 1er mars 1803. Il apportait de Cuba 40.000
gourdes en espèces, 25 chevaux et 10 chiens qui allaient jouer un rôle central dans
l’épisode le plus sombre de la guerre d’indépendance haïtienne.[5]
Selon un auteur de l’époque, ces chiens cubains, apparentés aux chiens de Santo
Domingo, étaient “les égaux des plus grands lévriers écossais ou russes....
L’apparence et les mouvements de cet animal prouvent instantanément sa
supériorité.”[6]
Une foule enthousiaste envahit les rues pour fêter
l’arrivée des chiens.[7]
Les spectateurs jetaient des fleurs sur leur passage et les décoraient de
cocardes et de rubans. Rochambeau décida aussitôt de les mettre à l’épreuve. Pendant
qu’on les faisait jeûner, une arène en bois fut bâtie à la hâte, probablement
dans le jardin des Religieuses, un ancien couvent et école catholique situé au cœur
de Cap-Français.[8]
Le jour venu, une foule turbulente s’assembla pour
assister à un spectacle qui promettait d’être aussi unique que sauvage. Les
détails nous ont été transmis par le marin français Jean-Baptiste
Lemonnier-Delafosse, le général français Pamphile Lacroix, et l’officier mulâtre
Juste Chanlatte, qui furent apparemment témoins de cette scène, et par les
historiens du dix-neuvième siècle Thomas Madiou et Beaubrun Ardouin, qui se
basèrent sur des témoignages de vétérans de la Révolution Haïtienne.
Un prisonnier noir fut tout d’abord mené dans l’arène et
lié à un poteau (selon Lacroix, Madiou et Ardouin, c’était le serviteur du
général Pierre Boyer, le chef d’état major de Rochambeau). Ce fut ensuite au
tour des chiens d’entrer en scène. Les cris de la foule et les tiraillements de
la faim auraient dû attiser leur ardeur mais, ne parvenant pas à comprendre ce
qu’on attendait d’eux, ils restèrent immobiles auprès du prisonnier. Ce n’est
qu’après que leurs meneurs les encouragèrent (et que Boyer, selon Ardouin et
Madiou, ouvrit l’estomac de la victime d’un coup de sabre) qu’ils émergèrent
enfin de leur torpeur. Soudain, dans un tourbillon de poussière rouge sang, ils
dévorèrent leur proie au son d’une fanfare militaire et des rugissements de la
foule. L’exécution ne dura que quelques minutes. Après avoir assouvi leur soif
de vengeance, les spectateurs se retirèrent chez eux pendant que les chiens,
ayant prouvé leur ardeur guerrière, étaient apprêtés pour leur prochaine
mission, une opération contre les rebelles de l’île voisine de La Tortue. »
[1] The dogs’ imminent departure from Cuba was mentioned in Louis de
Noailles to Hector Daure (23 Feb. 1803), 416AP/1, Archives Nationales, Paris
(hereafter AN). The dogs arrived in early ventôse (late February-early March)
and were immediately used for an execution according to Pamphile de Lacroix,
“Mémoire secret sur l’armée et la colonie de Saint-Domingue” (c. 1803), p. 41,
Pièce 98, AF/IV/1212, AN. By 7 March, dogs were being prepped for combat
according to Pierre Thouvenot, [Untitled]
(4-6 March 1803), Ms. Hait. 66-220, Boston Public Library. So it is likely that
the execution took place on or about 1 March 1803, as mentioned in H. Pauléus Sannon, Histoire de
Toussaint Louverture vol. 3 (Port-au-Prince: Héraux, 1920-1933), p. 152,
not “late in 1802” as claimed in Laurent Dubois, Avengers of the New World: The Story of the
Haitian Revolution (Cambridge: Harvard University Press, 2004), p. 292.
[2] Charles
Hamilton Smith, Natural History of Dogs;
Canidae or Genus Canis of Authors; Including also the Genera Hyaena and
Proteles vol. 2 (Edinburgh: W. H. Lizars, 1840), p. 121. Thanks to
Jonathan North for mentioning this work.
[3] On the whole of this episode, see Lacroix, “Mémoire secret,” p. 41, written by a French general who served in the Leclerc expedition;
A. J. B. Bouvet de Cressé, ed., Histoire
de la catastrophe de Saint-Domingue (Paris: Peytieux, 1824), p. 63-68,
which reproduces an account by the mixed-race officer Juste Chanlatte;
Jean-Baptiste Lemonnier-Delafosse, Seconde
campagne de Saint-Domingue du 1 décembre 1803 au 15 juillet 1809, précédée de
souvenirs historiques et succints de la première campagne (Le Havre:
Brindeau et compagnie, 1846), p. 66-68, written by a French sailor who served
in the Leclerc expedition; Thomas Madiou, Histoire
d’Haïti vol. 2 (Port-au-Prince : Courtois, 1847), p. 411-412, a historical
monograph based on oral histories conducted in Haiti; and Beaubrun Ardouin, Etudes sur l’histoire d’Haïti vol. 5 (Paris:
Dezobry et Magdeleine, 1853-1860), p. 391-393, another monograph based on oral
histories.
[4] The execution took
place in Les Religieuses according to Bouvet de Cressé, Histoire de la catastrophe, p. 64. The former government
house near the place d’armes is
mentioned as an alternate location in Madiou, Histoire d’Haïti vol. 2, p. 441 and Ardouin, Etudes sur l’histoire
d’Haïti vol. 5, p. 391. Lemonnier mentions the habitation Charrier in
nearby Haut-du-Cap (where the Religieuses
had lived in 1781-1783) in Lemonnier-Delafosse, Seconde campagne de Saint-Domingue, p.
66. On the history of this religious order, see Gabriel Debien, “Les
religieuses du Cap à Saint-Domingue,” Revue
d'histoire de l'Amérique française 3:3 (1949), p. 402-422.
[5] Le
départ immédiat des chiens de Cuba est mentionné Louis de Noailles à Hector
Daure (23 fév. 1803), 416AP/1, Archives Nationales, Paris (AN). Les chiens
arrivèrent début ventôse (fin février – début mars) selon Pamphile de Lacroix,
“Mémoire secret sur l’armée et la colonie de Saint-Domingue” (c. 1803), p. 41,
Pièce 98, AF/IV/1212, AN. Les chiens étaient préparés pour leur première
mission au 7 mars selon Pierre Thouvenot, [Sans titre] (4-6 mars 1803), Ms.
Hait. 66-220, Boston Public Library. Il est donc probable que l’exécution eut
lieu le 1er mars, comme indiqué dans H. Pauléus Sannon, Histoire de Toussaint Louverture vol. 3
(Port-au-Prince: Héraux, 1920-1933), p. 152, et non “fin 1802” selon Laurent
Dubois, Avengers of the New World: The
Story of the Haitian Revolution (Cambridge: Harvard University Press,
2004), p. 292.
[6] Charles Hamilton Smith, Natural
History of Dogs; Canidae or Genus Canis of Authors; Including also the Genera
Hyaena and Proteles vol. 2 (Edinburgh: W. H. Lizars, 1840), p. 121. Le
chien décrit ici fut acheté près de Sámana, servit à Saint-Domingue, puis
fut amené à la Jamaïque après l’évacuation française. Merci à Jonathan North pour
m’avoir parlé de ce livre.
[7] Sur
l’exécution, voir Lacroix, “Mémoire secret,” p. 41, écrit par un général
français qui servit dans l’expédition Leclerc; A. J. B. Bouvet de Cressé, éd., Histoire de la catastrophe de Saint-Domingue
(Paris: Peytieux, 1824), p. 63-68, qui reproduit le récit de l’officier mulâtre
Juste Chanlatte; Jean-Baptiste Lemonnier-Delafosse, Seconde campagne de Saint-Domingue du 1 décembre 1803 au 15 juillet
1809, précédée de souvenirs historiques et succints de la première campagne
(Le Havre: Brindeau et compagnie, 1846), p. 66-68, écrit par un marin français
qui servit dans l’expédition Leclerc; Thomas Madiou, Histoire d’Haïti vol. 2 (Port-au-Prince : Courtois, 1847), p.
411-412, ouvrage historique basé sur des entretiens avec des vétérans haïtiens;
and Beaubrun Ardouin, Etudes sur
l’histoire d’Haïti vol. 5 (Paris: Dezobry et Magdeleine, 1853-1860), p.
391-393, un autre ouvrage basé sur des entretiens.
[8] L’exécution
eut lieu aux Religieuses selon Bouvet de Cressé, Histoire de la catastrophe, p. 64. L’ancien palais du gouvernement
près de la place d’armes est mentionné Madiou, Histoire d’Haïti vol. 2, p. 441 et Ardouin, Etudes sur l’histoire d’Haïti vol. 5, p. 391. Lemonnier parle de l’habitation
Charrier à Haut-du-Cap (où l’ordre des Religieuses avait vécu en
1781-1783) : voir Lemonnier-Delafosse, Seconde
campagne de Saint-Domingue, p. 66. Sur cet ordre, voir Gabriel Debien, “Les
religieuses du Cap à Saint-Domingue,” Revue
d'histoire de l'Amérique française 3:3 (1949), p. 402-422.
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